30.6.10

Mardi 29 juin : retour a Khorog

Je prends une douche. Oui, c'est l'evenement marquant de cette journee, et alors ? On a les vacances qu'on peut !

29.6.10

Vallee de la Bartang, du 22 au 28 juin 2010

Il y a des endroits qu'on voit et des endroits qu'on vit. C'est une des nuances essentielles du voyage. Je reviens d'une semaine dans la vallee de la Bartang, dans le Pamir, et je peux vous assurer que j'ai la sensation d'avoir vecu cet endroit comme il m'est rarement arrive dans la vie.
Ca va etre dur de vous resumer cette folle semaine et de vous comter cet endroit.

D'abord, ce qui structure une bonne partie de la vie, la-bas, c'est la route. Une route qui longe toute la vallee et dessert une bonne partie des villages. Les autres ne sont accessibles qu'a pied (il faut parfois parcourir 10 km pour y parvenir). Cette route, essentielle a la vie locale, est dans un etat desastreux. Les voitures qui s'y aventurent sont donc rares.

Personnellement, j'ai avance dans cette vallee au rythme des transports que je pouvais trouver. Ce fut complique... et tres tres long. Lorsque je demandais a quelle distance se situait tel village, on me repondait souvent "oh c'est tres tres loin, il y a bien... 30 km !". La version "optimiste" est celle-ci : "c'est pas loin, c'est a 30 km, tu y es en a peine 3 heures" !

Bon en fait il faut parfois plus de 3h pour parcourir 30 km. Par exemple parce qu'il a plu, la route est coupee par un petit torrent : il faut donc attendre le lendemain que la route reapparaisse et passer la nuit dans le village le plus proche. Il y a aussi le cas classique de la crevaison (en pleine nuit, encore...) et des arrets multiples pour reparer une partie du vehicule, remettre de l'essence, faire baisser la temperature de la bagnole, etc. En moyenne, je crois que je me suis arretee toutes les 20 minutes.

Mais les arrets les plus longs sont les inevitables pauses pour prendre le the chez telle ou telle personne que connait le chauffeur ou un passager. Dans cette petite vallee, tout le monde semble se connaitre et le rituel du the rythme la vie sociale locale. C'est ainsi qu'il m'a fallu, avant-hier, 11 heures pour parcourir 50 km. On s'arrete prendre le the pendant 2 heures, on reprend la route pour 5km, tiens on a faim on va aller manger de la bonne bidoche chez bidule, regarde, ils sont en train de couper le mouton fraichement abattu, on repart, oh tiens c'est truc on va aller lui dire bonjour ! J'avoue qu'a la fin je n'en pouvais plus.

Le the (qui s'accompagne toujours d'une collation voire d'une repas complet) est une institution. C'est aussi le moment qui m'a permis de faire des rencontres exceptionnelles. Tout a commence par ma rencontre avec la prof d'anglas d'un village, chez qui j'ai passe la nuit, qui m'a fait rencontrer une de ses amies, qui elle-meme m'a trouve un chauffeur pour un autre village. Le chauffeur m'a accueillie chez lui, puis m'a trouve, le lendemain, un moyen de transport pour acceder au prochain village. La, route coupee, les passagers me prennent en charge et me trouve un endroit ou dormir. Le lendemain, on reprend le voyage et le chauffeur m'invite chez lui et me trouve un autre vehicule pour la suite du periple. Etc, etc. Je vous passe l'episode du chauffeur bourre qui conduit sur des routes sinueuses longeant un fleuve en furie. D'un cote la falaise, de l'autre le fleuve, au milieu un passage jonche de pierres et autres petites douceurs qui rendent la conduite perilleuse. Hum... Je peux dire, oui, je peux dire que j'ai legerement flippe.

Au final, beaucoup de rencontres, des amities courtes mais fortes qui se sont crees, et cette rengaine "la vie est dure, ici, tu sais...". La plupart des habitants n'ont jamais quitte leur village, ils n'ont jamais vu le lac qui est a 80 km de la, le lac Sarez, il n'y a pas de magasin, ils mangent essentiellement ce qu'ils produisent : des oeufs, du lait, du pain, un peu de viande parfois, des fruits, des pommes de terre, des carottes...

L'hiver, la route est bien souvent impraticable. Alors ils font des reserves et ils attendent l'ete pour se ravitailler en farine, en produits d'entretien, etc.

C'est dur, c'est dur... Et pour couronner cette vie la, ils vivent avec une epee de Damocles sur la tete : des scientifiques craignent que le barrage naturel du lac Sarez saute (en cas de seisme tres importamt) et que les eaux du lac se deversent, emportant avec elles toute vie humaine sur des kilometres et des kilometres.













Petite question du jour...



La reponse :

19.6.10

Dushanbe-Khorog, samedi 19 juin

Samedi, nous quittons la capitale direction le mnassif des Pamirs. Nous, c'est-a-dire Baptiste, Aurelie et une autre Francaise, Annie, rencontree a l'hotel. Pour avoir déjà expérimenté ce trajet en 2008, j’appréhende un peu. Je sais qu’il est interminable, tortueux, épuisant. Le trajet s’effectue soit en 4X4, soit en minibus...

Nous arrivons groupés à 6h30 sur le lieu de rassemblement des véhicules et voyageurs. On parlemente, on discute, on regarde l’état des véhicules, et on tente de négocier le prix mais impossible : le prix est fixe, il est le même pour tout le monde, et très élevé (250 somonis soit environ 50 euros). Il a augmenté de 25 euros par rapport à 2008 : les chauffeurs l’expliquent par la hausse du prix du carburant. En fait, ils pourraient aussi l’expliquer par la hausse du nombre de backchich à distribuer aux flics corrompus sur le parcours… Notre chauffeur a dû s’arrêter une dizaine de fois pour arroser les policiers.

Nous sommes 7 voyageurs (4 Français, 3 Tadjiks) entassés dans le Landcruiser. La place à côté du chauffeur est évidemment très convoitée, mais plutôt réservée à celui qui se sent le plus mal. A la fin, nous serons tous un peu malades… Les 3 places du milieu ne sont pas mauvaises. Les pires places sont à l’arrière : jambes écrasées contre les sièges de devant, difficultés pour voir le paysage, etc. A 2h du mat, le chauffeur nous jette dans les rues de Khorog. Un vieux un peu paume, qui se buvait tranquillement sa bouteille sur le pas de sa maison, nous aide a trouver un hotel pour la nuit.

15.6.10

Dushanbe (Tadjikistan), le 15 juin 2010

Me voilà à l'aube d'un beau et long voyage qui s'annonce déjà plein d'imprévus... La situation au Kirghizstan s'aggravant sévèrement, et le sud du pays étant relativement impraticable, je suis déjà obligée de changer complètement mes plans. En effet, ceux-ci me menaient tout droit sur Osh, là où Kirghizes et Ouzbèks se tirent dessus. Comme il n'y a bien souvent qu'une route possible, tout changement de plan est extrêmement compliqué. Et assez radical. J'ai d'abord considéré un passage par la Chine pour éviter le sud du Kirghizstan et rejoindre directement le nord : mais il est quasiment impossible d'obtenir un visa chinois ici, le consul n'étant pas d'humeur. Donc je me rabats sur l'Ouzbékistan, avec encore l'espoir de rejoindre Bishkek, la capitale du Kirghizstan, via une trajectoire qui, comment dire... risque de sortir réellement des sentiers battus !

Comme prévu, ma première semaine à Dushanbe ressemble à un marathon administratif : obtenir le permis d'aller visiter telle région, affronter le consul kirghize, un jeune loup aux dents longues qui s'épanouit pleinement dans un abus d'autorité, essayer d’arracher des explications au consul ouzbek... (Je m’interroge vraiment sur le profil des consuls : pourquoi leur capacité a être excécrable est-elle un critère de recrutement ? Ca m’intrigue...). Pour l'instant, je n'ai fait quasiment que ça.

Ou presque. Car cet après-midi, figurez-vous que j'ai eu l'extrême honneur d'être interviewée par « le plus grand journaliste du Tadjikistan » et son équipe. Eh oui, à peine arrivée, je suis déjà la mascotte du Monde local. C'est pas beau, ça ? Comment est-ce possible, me direz-vous ? Eh bien, le PPDA de la presse tadjike était assis à côté de moi dans l'avion, et nous avons bien sympathisé. Il s'appelle Akhbar (oui, comme Allah Akhbar), il dirige un groupe de presse, ou plutôt... le groupe de presse du pays, composé de 8 journaux. Dans l'avion, Akhbar m'avait demandé à une vingtaine de reprises de le rappeler lundi. Je l'ai donc appelé, et nous avons dîné ensemble.

Si je devais résumer Akhbar, je dirais que c'est un homme très cultivé, extrêmement lucide et ouvert d'esprit. Il porte un regard très réaliste sur l'exercice de son métier au Tadjikistan, et se décrit d'ailleurs comme un « businessman »... Sur tous les sujets que nous avons abordés (l'islam, l'immigration en France, etc.), j'ai apprécié son ton juste, mesuré, intelligent. Il ne parle pas l'anglais donc j'ai parfois malheureusement un peu galéré pour le comprendre, et surtout pour lui répondre, mais quel plaisir d'apprendre le russe avec de telles discussions !

En plus, si j'ai un quelconque souci dans le pays, je sais qui appeler... (le premier fonctionnaire zélé qui me cherche des problèmes est prévenu !). Il m’a même donné un telephone et une carte SIM pour que je puisse le joindre dans tous le pays... Vraiment adorable.

Aujourd'hui, j'ai eu droit à une petite interview dans les locaux du groupe, avec plusieurs journalistes et une interprète rassemblés pour l'occasion. Je ne résiste pas au plaisir de vous envoyer ce cliché pris à l'occasion de cet instant surréaliste de mon voyage :

De gauche a droite : moi, le jeune qui prend des notes, la dame qui ne diе rien, le Daniel Mermet tadjik, la jeune interprete, le poete-intello-qui-ressemble-a-Noel-Mamere.

Les questions ont porté sur tout et n'importe quoi. En vrac : pourquoi Paris est-elle une ville romantique ? Pourquoi, à Paris, les gens en terrasse sont-ils tous alignés face à la rue ? (une question de Akhbar qui revient de Paris et qui a été très frappé par notre façon de regarder la rue comme une scène de théâtre !) Pourquoi voyages-tu au Tadjikistan ? Avais-tu des connaissances sur le Tadjikistan avant de venir ? Que penses-tu de Nicolas Sarkozy ? Penses-tu qu'il vaut mieux envoyer des bombes ou de l'argent, en Afghanistan ? Que pense-t-on des musulmans, en France ? A quel âge se marrie-t-on ? Qu'est-ce que tu aimes boire ? Qu'est-ce que tu penses du voile ? Quel regard portes-tu sur la crise économique ? Quel est l'acteur le plus populaire en France ? Pourquoi Maupassant dit-il dans un de ses livres qu'il n'aime pas la Tour Eiffel ? …
Bref, des questions qui témoignaient d'une belle culture et d'une grande curiosité. J'imaginais la scène inverse : des journalistes Français interrogeant au pied levé un touriste tadjik de passage en France : « euh... c'est où, ce pays ? Ah... et c'est quoi la capitale du Ta...tzikistan ? Et vous êtes combien ? Y'a des villes connues chez vous ou... ? ». Bref, on aurait été loin de poser des questions sur les grands poètes tadjikes ou sur le Président !

Bon, le plus drôle, c'est que j'ai même réussi à parler du Piaf ! S'ils publient l'interview, avec un peu de chances, tout le Tadjikistan va entendre parler du Piaf, et ça, quand même, ce n’est pas rien...

13.6.10

Dushanbe (Tadjikistan), le 13 juin 2010

Arrivée à Dushanbe à 3h50 du matin.
2 heures d'attente à l'aéroport pour obtenir un visa. Le jeune consul a un costume gris métallisé et une chemise rose fuschia, on dirait qu'il sort de boîte.
Je rencontre mon presque-homonyme : un Villaume... Etonnant, non ? Nicolas est là pour un projet photo en lien avec une fondation, les autres étrangers sont là pour des ONG. Je suis la seule à ne pas avoir de projet pour le Tadjikistan.
C'est clair, le Tadjikistan n'est pas une destination touristique...

A 7h, je m'écroule sur un lit de l'hôtel Vakhsch, hôtel qui m'avait déjà accueillie il y a deux ans.