31.7.10

27 juillet - 3 aout : repos à Tashkent

Depuis les émotions liées à ma situation clandestine, je me repose. Je suis dans une guesthouse sympathique, un repaire de "backpackers" du monde entier. Je sors un peu la journée, je me ballade, et le soir on boit des bieres et on mange du melon en refaisant le monde vautrés sur un tapchan. Ce n'est pas désagreable. Bon la plupart des gens ne restent que 2 ou 3 jours à Tashkent, donc je commence a me sentir un peu "meuble"... J'ai l'impression que le monde bouge et que moi, je suis collée. Je regarde défiler les voyageurs et leurs histoires, assise sur un coussin. Et je donne des infos sur le cafe Internet le plus proche, les heures d'ouverture des musées ou les meilleures brochettes de mouton à proximité...


Et puis pour le plaisir, un peu de lyrisme presidentiel :



Quel poete ce Karimov !

Et puis un bazar ou l'on trouve tout pour reparer tout et n'importe quoi... a condition de ne rien chercher :

26-27 juillet : comment se retrouver clandestine en Ouzbekistan

Je suis bien décidée à tenter de passer la frontière kirghize entre Andijan et Osh. Personne n'a pu me dire si elle fermée ou ouverte aux étrangers, je sais juste que les Ouzbeks et les Kirghizes ne passent pas.
Helas, arrivée sur place, je trouve une frontiere vide, avec deux militaires ouzbeks qui s'ennuient a l'entrée, et qui sont ravis de me voir debarquer (ca fait une distraction). Il y a là aussi un Coréen qui s'est fait refouler. On cause 5 minutes, ils regardent mon passeport, qu'est-ce qu'il fait chaud aujourd'hui, et je repars. Le seul moyen d'accéder au Kirghizstan depuis l'Ouzbekistan en ce moment est l'avion. 7 heures de taxi plus tard je suis à Tashkent.

Le lendemain je tente de trouver un vol pour Bishkek : pas moyen avant le 4 aout, tout est plein. Mais le 4 aout c'est précisement la date de fin de mon visa kirghize. Je tente d'aller à l'ambassade kazakhe pour demander un changement sur mon visa qui me permettrait de passer par Bishkek. Trop de monde, pas moyen de rentrer. Ensuite je vais à l'aéroport pour me renseigner sur l'extension de mon visa ouzbek. En fonction de la manière de compter les jours et d'interpreter le visa, il se termine entre le 26 et le 29 (et mon visa kazakh ne comnmence que le 3 aout). On est le 26...
Je tombe sur un gars qui m'explique que mon visa se termine le 27, donc demain. Je lui demande si je peux le prolonger aujourd'hui. Impossible, la caisse est fermée. Il me dit de revenir le lendemain.

Le lendemain je me repointe au bureau de l'immigration. Je tombe sur d'autres personnes qui regardent mon passeport, comptent avec leurs doigts en silence, discutent entre eux puis me lancent un regard embarassé : "votre visa s'est terminé hier, mademoiselle... vous n'etes pas en situation régulière, nous ne pouvons pas prolonger votre visa".

Hum... Ben on fait quoi alors ? Y'a moyen qu'on m'expulse gratuitement au Kirghizstan, ca m'arrangerait ? Je peux choisir mon vol charter ? Non ? Bon... J'ai une pensée pour tous ceux qui se font arreter en France, je me dis que ma situation est vraiment extremement cool : on me sourit, on me dit de ne pas m'inquièter, on va trouver une solution...

Je reste assise 3 heures dans ce bureau en attendant la solution. Ils traitent d'autres dossiers, passent de temps en temps des coups de fil mystérieux à mon sujet, regardent mon passeport toutes les 10 minutes, recomptent les jours... Moi je joue à la fille trop angoissée, trop désolée et en meme temps simple victime de l'erreur de leur collègue...

Un des flics souhaite absolument mon numero de téléphone pour m'emmener faire un tour le lendemain... Evidemment je refuse de lui donner mais je ne dois pas l'offenser, alors je cherche tout un tas d'excuses, je prends son numero en lui faisant croire que je vais l'appeler le lendemain, en réalité je veux juste mon visa et ne plus voir sa tete.

3 heures plus tard, la magie opère. J'ai mon extension de visa... Meme pas eu besoin de filer un bakschich.

Du 23 au 25 juillet : vallée du Fergana

La vallée du Fergana, située a l'Est de l'Ouzbekistan sur la route du Kirghizstan, est connue pour etre le "foyer islamique" du pays, la ou des mouvements radicaux comme le Mouvement Islamiste d'Ouzbekistan prennent leur source, la ou la révolte gronde sur fond d'atmosphere pieuse. Bon, au final, les mosquées sont un peu plus fréquentées que dans le reste de l'Ouzbekistan, mais le Président a fait un tel "ménage" que le radicalisme semble tout a fait contenu... Personnellement, j'avais traversé cette vallée juste apres les évenements de 2005 a Andijan (écrasement sanglant d'une manifestation), l'ambiance etait donc un peu tendue et l'islam devenait de plus en plus un refuge pour exprimer cette révolte. Cette annee je suis surprise par le calme qui y règne. Pourtant, la vallée a accueilli il y a peu les masses de réfugies ouzbeks en provenance du Kirghizstan... mais ils sont déja repartis, sans laisser de trace. On dirait qu'il ne s'est absolument rien passé. Je trouve aussi quelques changements dans les tenues vestimentaires féminines. En 2005, la différence avec la capitale m'avait choquée, les femmes portaient toutes la tenue traditionnelle, robe longue de rigueur, aujourd'hui nombre d'entre elles s'habillent de maniere bien plus décontractée. Du moins, c'est mon impression.

Quelques bribes de l'ambiance du bazar d'Andijan :



On peut gouter plein de trucs bizarres :

29.7.10

23 juillet : comment envoyer un tapis ouzbek en France

A Boukhara, j'ai eu le malheur de craquer pour un beau tapis (style afghan). Tapis que j'ai souhaité envoyer en France depuis la poste de Tashkent, histoire de ne pas me le trimballer pendant 2 mois.

Episode 1 : ou est la poste ?
On m'indique une poste "à 10 minutes a pied". Je ne la trouverai jamais. J'entre dans un hotel de luxe pour me renseigner (en anglais). Les filles passent quelques coups de fil et me conseillent la poste centrale. Un coup de taxi et me voila sur place.

Episode 2 : la poste centrale
Apres avoir trouvé le bon guichet et attendu une dizaine de minutes, une jeune femme regarde mon tapis et me demande : "et vous avez le certificat ?". Je lui sors ma "facture". "Non, ce n'est pas un certificat, ca... pour avoir le certificat il faut aller... (la je ne comprends plus son russe)". Je m'énèrve, elle s'énèrve,le ton monte mais je n'ai pas le choix : je prends l'adresse et je m'en vais.

Episode 3 : trouver un endroit quand on ne sait pas ce qu'on cherche
Mon chauffeur de taxi ne connait pas cette rue, moi non plus, et elle n'est pas sur mon plan. Bref on tourne dans le quartier 3 plombes avant que quelqu'un nous indique la bonne rue. Pendant cette recherche, le chauffeur me demande : "mais c'est quoi que vous cherchez?" "je ne sais pas, je veux juste envoyer un tapis..." "la poste ?" "mais non j'en viens... c'est un bureau qui doit me faire un certificat..." "un bureau de quoi?" "JE SAIS PAAAAAS !!!!". Bref, la discussion patauge.

Episode 4 : le bureau de l'expertise des objets d'art
Voila, le mystère est éclairci : il s'agit d'expertiser mon tapis. Deux Ouzbeks me recoivent, ils regardent le tapis puis me font part de la somme à payer pour avoir le certificat : pas loin de 40 dollars. Evidemment, ca m'agace,je leur dis que je ne comprends rien à ce pays, que c'est du vol, que je ne veux pas payer et que je ne suis pas prete d'acheter un nouveau tapis en Ouzbekistan. Mais je me calme tres vite car je me rends compte qu'en face de moi, j'ai deux cremes qui ne demandent qu'à m'aider et non à m'arnaquer... Ils sont désolés, ils m'expliquent que sans ce certificat je ne pourrai ni envoyer le tapis ni le passer à la prochaine frontière. Je n'ai pas le choix. Je paye. Ils m'offrent le thé, des gateaux et une tenture... Puis ils me ramènent en voiture jusqu'à la poste. Adorables...

Episode 5 : retour à la poste
La meme jeune femme me prépare mon beau colis et me fait remplir des papiers, 3 fois de suite les memes papiers car à chaque fois il y a quelque chose qui cloche dans mes réponses... C'est pas grave, j'ai repris mon calme, je peux lui en faire 27 si elle veut. Le "colis" est bien entendu un bout de tissu qu'elle ferme en le cousant elle-meme avec son aiguille, puis en ajoutant des sceaux à la cire.

Apres ces 3 heures de démarches, mon tapis est expedié.

21 juillet 2010 : Chakhrisabz

Chakhrisabz est la ville natale de Tamerlan (il y est né en 1336). On y trouve son palais d’été, sa statue (bon, comme partout en Ouzbekistan), le mausolée d’un de ses fils (Jahongir), le mausolée d’un de ses conseillers spirituels, et d’autres mausolées construits pour ses descendants.

Je ne sais pas si ca a un lien avec Tamerlan, mais l’atmosphere de cette ville me semble oppressante. Les gens me devisagent bizarrement. Peut-etre que le débardeur est mal vu, ici... Je me dis aussi que je dois traverser une crise de paranoia (inévitable dans un voyage) jusqu’au moment ou des gamins me jettent des cailloux. Euh... non, ca ne doit pas etre de la paranoia. Je quitte rapidement les lieux pour retrouver la douceur de Samarcande.

Dans le taxi collectif...



Tamerlan : on est megalo ou on on me l'est pas...

Du 17 au 21 juillet 2010 : Boukhara

Boukhara n’a guère changé, elle. Il faut dire que la ville est plus dense, notamment le seteur de la vieille ville, donc ne se prête guère aux expériences urbanistiques. Quelques images d'une atmosphere assez magique :













Le Liab-i-Haouz (place centrale de la vieille ville de Boukhara organisee autour d'un bassin) by night. Atmosphere kitsch mais plaisante :

Du 14 au 17 juillet 2010 : Samarcande

Drôle d’impression en arrivant à Samarcande… une impression de vide, de desertion. Le Régistan est toujours aussi impressionnant de beauté, mais quelque chose a changé, c’est certain… Ah oui, c’est ça, il y avait un musée archéologique ici, dans un gros bloc soviétique. Le bloc a été rasé, pour faire un petit parc un peu triste, sans âme. Comme à Tashkent, le sapin est à l’honneur… Pourquoi ce choix ? Mystère. Les urbanistes ouzbèkes ne sont manifestement pas très tournés vers les essences locales.




Et cette rue Tashkent, celle qui va du Régistan à la mosquée Bibi Khanoum, entièrement refaite, pavée, bordée de magasins de souvenirs déserts… une rue pour les touristes, surfaite, qui ne va pas avec la ville. Le bazar qui se trouve au bout de cette rue en subit gravement les conséquences : il est vide… ou presque. On n’y vend plus que des cacahuètes et des salades… Triste bazar, qui était encore bien actif il y a deux ans.

Heureusement, lorsque l’on quitte les artères à touristes, que l’on dépasse la façade mi-kitsch mi-coquette de la nouvelle Samarcande, on retrouve la vraie, les ruelles, les maisons traditionnelles, la vie, les commerces, etc. Evidemment, ce n’est pas parce que les voyageurs aiment les vieilles villes historiques que celles-ci ne doivent pas changer. Les Ouzbeks aiment bien les petites rues pavées proprètes et je les comprends. Mais les changements apportés à Samarcande sont trop radicaux, peu respecteux de son histoire, trop « cheap »… et visiblement les besoins des habitants n’ont pas dû franchement intervenir dans les décisions. Il s’agissait plutôt de construire un circuit touristique qui « valorise » l’image de la ville. C’est raté, je pense. Et un peu inquiétant pour l’avenir.








22.7.10

Du 12 au 14 juillet 2010 : Tashkent

J'avais oublié comme cette ville était belle et agreable...
Ou alors il faut y aller 3 fois avant de l'apprecier vraiment. Troisieme solution : c'est l'effet post-Tadjikistan.
Toujours est-il que je passe une excellente journée à flaner, manger des glaces, siroter des jus de fruits sur des terrasses ombragées,...
La ville a quand meme bien changé et je peine à reconnaitre certains endroits. Un nouveau palais (des congres ou d'autre chose) flambant neuf (un peu trop tape-a-l'oeil) a surgi sur la place Amir Timur, place qui a d'ailleurs ete devastée... beaucoup d'arbres en ont fait les frais... mais c'est plutot une reussite d'avoir degagé cet espace.

La place Amir Timur (Tamerlan) :



Le plus discret des hotels, l'hotel Ouzbekistan :



Broadway :



Les terrasses...

Lundi 12 juillet : passage de la frontiere ouzbeke

Les passages de frontière sont toujours de grands moments, généralement cocasses, parfois tendus, souvent confus. Celui-ci restera sûrement longtemps sur le podium de mes plus grandes looses en la matière. C’est en efffet la première fois qu’au moment de passer la frontière, après avoir durement négocié mon taxi, puis passé un premier contrôle, un douanier au sourire diabolique m’annonce en se foutant légèrement de ma tronche : « ah ben non, ici vous ne passez pas… cette frontière n’est pas ouverte aux touristes, il faut vous rendre à un autre poste-frontière, à 60 km ». Sur le coup, j’ai du mal à encaisser le choc… Je fulmine contre le taxi qui m’a amenée là, contre les flics qui m’ont dit « pas de problème, vous pouvez passer » 10 km avant…

Je suis d’une humeur massacrante lorsqu’un troupeau de chauffeurs m’assaille, comme s’ils attendaient ce moment avec impatience depuis plusieurs minutes : « tu veux aller à Oyberk ? C’est 100 dollars ! ». Ben voyons… Il n’en fallait pas plus pour que je lâche la machine à insultes… Je m’énerve rarement en voyage, sauf quand un nid de voleurs (= chauffeurs de taxi) se paye ma tête. Je n’ai plus de monnaie locale donc je vais échanger 5 dollars, je reviens, et je leur annonce qu’ils peuvent se calmer tout de suite : j’irai à Oybek avec 5 dollars (22 somonis), pas plus. Comme par miracle, des solutions se dégagent. Un chauffeur sympa m’emmène jusqu’à un bled pour 5 somonis. De là, je prends un minibus pour un autre village (1 somoni), puis un autre minibus (3 somonis). Enfin je négocie un dernier taxi pour mes 13 somonis restants… Je n’aurai donc pas perdu beaucoup d’argent dans l’affaire, mais 3 heures, quand même…

Il n’y a personne à la frontière. Les douaniers ouzbèkes fouillent mon sac, et je les soupçonne fortement de m’avoir volé de l’argent pendant l’opération.

Des chauffeurs de taxi m’attendent à la sortie. Comme je ne suis toujours pas d’humeur et que j’en ai un peu trop vus aujourd’hui, je les fais un peu tourner en bourrique avant d’accepter le prix.

Arrivés à Tashkent, je suis obligée de guider mon chauffeur jusqu’à mon hôtel. Il s’agit d’une guesthouse dans laquelle je suis venue il y a 2 ans. En fait, la guesthouse est officiellement fermée (le proprio a manifestement oublié de payer des impôts et est en guerre contre le gouvernement) mais en réalité on peut rester. Une chambre pour moi toute seule, une douche chaude et propre, un vrai lit (un grand en plus),… je savoure ce moment.

18.7.10

Du 7 au 10 juillet 2010 : les Monts Fan. Ou : « l’année prochaine, je pars aux Maldives »

Il y a des moments où l’on se demande très sincèrement : « qu’est-ce que je fous là ? ». Cette question a été le fil rouge de ma découverte des Monts Fan. Ces montagnes se trouvent au nord de Dushanbe, dans l’ouest du pays.

J’avais rencontré Nicolas à Dushanbe qui souhaitait lui aussi faire un tour dans les Monts Fan : nous avons donc convenu d’y aller ensemble. Il se trouve en plus que Nicolas est déjà venu ici il y a huit ans et qu’il qualifie ces randonnées de « vosgiennes » donc plutôt faciles. Ne souhaitant pas me lancer dans de la grande randonnée, je suis totalement rassurée.

Un taxi nous lâche à l’entrée d’une vallée, nous marchons quelques kilomètres jusqu’à un village dans lequel Nicolas a une ancienne connaissance. Il n’a ni son nom, ni son adresse, mais une photo. Les villageois nous guident sans problème jusqu’à la maison de Jumaboy, un espèce de cow-boy moustachu au grand cœur. Nous sommes accueillis comme des rois, un plov est même prépaé pour l’occasion…

Le lendemain Jumaboy nous conduit dans sa jeep russe jusqu’au lac Alaudin. De là, nous partons pour une randonnée qui s’avère plus qu’ambitieuse : 3000 mètres de dénivelé dans la journée… enfin plus précisément en 8 heures. Montée de dingue, descente de fou, puis remonter la descente de fou pour redescendre la montée de dingue. Exténuant. Qu’est-ce que je fais là ? Pourquoi l’homme s’inflige-t-il de telles souffrances ? Ou plutôt : pourquoi je m’inflige de telles souffrances alors que j’aurais pu partir aux Maldives siroter un cocktail sur du sable doré ? Des fois je ne me comprends plus. Une soupe et au lit, ça ira mieux demain.

Le problème c’est que demain c’est pire. Nous partons dans l’optique de trouver le chemin du col qui conduit ensuite à un autre lac (Iskander kul) depuis notre camp de base d’Alaudin. J’ai donc tous mes bagages sur le dos, soit 15 kg environ. Heureusement que Nicolas m’aide sinon je ne pourrais pas aller bien loin. En même temps, il aurait été préférable que je n’aille pas si loin. Suite à la journée de la veille, j’ai déjà quelques doutes sur le concept de « rando vosgienne » tel qu’imaginé dans la tête de Nicolas. Mais lorsqu’au bout de 7 heures de marche, dans les éboulis et la neige, je me retrouve en haut d’un col enneigé, à 4000 mètres d’altitude, avec vue sur une absence (ou un surplus) de chemins possibles pour travserser un mur de neige et de glace, je deviens dingue. J’ai d’ailleurs perdu mon sang-froid depuis un bon moment, et je n’ai pas chaud. J’ai l’impression de gravir l’Everest en tongs. J’ai hurlé mon angoisse dans la montée mais Nicolas n’a rien souhaité entendre, têtu comme une mule alsacienne qu’il est. Arrivés en haut de cette galère, à 16h, devant une nouvelle galère et le risque de passer une nuit dans la neige ou de ne pas la passer du tout, je le force littéralement à redescendre. Il finit par céder. La descente est extrêmement périlleuse, entre alpinisme, luge et escalade. En bas, nous rencontrons un groupe de Russes ultra-équipés qui nous prennent légèrement pour des malades lorsqu’on leur explique d’où l’on vient. Il nous faut ensuite encore 3 heures de marche pour rejoindre notre camp de base : il fait déjà nuit lorsque l’on y parvient, épuisés comme jamais.

Bref, l’année prochaine… les Maldives.









14.7.10

Lundi 5 juillet : Khorog – Dushanbe

J’ai essayé de prendre l’avion mais… comme très souvent le vol de Tadjikistan Airlines (je sais, ça fait flipper, mais bon…) a été annulé, pour cause de mauvais temps (quelques nuages dans le ciel). Tous les touristes essaient au moins une fois de prendre ce vol pour éviter les 18 heures de jeep mais rares sont ceux qui y parviennent. Le ratio succès / essai serait de 1 sur 7, selon les estimations.

Voilà donc comment je me suis retapée 18 heures de jeep, euh pardon… 17, cette fois, car le chauffeur était plus rapide. L’équipage était très international : 3 touristes Japonais, un businessman chinois très lourd (genre je ris comme un gros benêt, très fort, et ma seule question sur le pays consiste à demander combien coûtent les prostituées à Dushanbe), son interprètre (un peu lourd aussi) et le chauffeur, un très sympathique pamiri. Petit moment cocasse lors du repas : le serveur me parle en russe, je traduis en anglais à une Japonaise, qui traduit en japonais pour ses compatriotes… puis en sens inverse pour la réponse. Finalement, les Japonais ont décidé de ne rien manger ! Arrivée à Dushanbe à 4h du matin.

La frontiere afghane (desolee, ca bouge) :


Le passage du col...

30 juin – 3 juillet : vallée de Chock-Dara

Suite à mon périple dans la vallée de la Bartang, j’ai décidé d’explorer une autre vallée : celle de Chock-Dara. Des paysages superbes, plus doux et plus spacieux que ceux de la Bartang, des villages plus riches, des routes en meilleur état, des maisons plus grandes, des habitants toujours aussi chaleureux.

A Roshtqala, premier arrêt, et premières rencontres : d’abord avec un collègue (si si), qui bosse pour l’administration régionale et qui ressemble terriblement à Jean Rochefort. C’est troublant de rencontrer Jean Rochefort au Tadjikistan, surtout quand il parle russe. Ce gars devient mon ange gardien : il me trouve un logement pour la nuit en me présentant au prof d’anglais du village, et le lendemain il m’assoit dans la jeep de son neveu qui me servira de guide et de chauffeur (bénévolement) pendant 3 jours.

Fozil, prof d’anglais à Roshtqala, est vraiment adorable. Il peine à nourrir sa famille avec les 35 $ qu’il reçoit chaque mois de l’Etat pour le remercier d’exercer ce métier, mais invite avec plaisir les touristes de passage à partager le repas familial et se reposer dans sa modeste demeure. Il ne sait pas comment il va pouvoir payer des études à ses enfants donc il cherche un travail qui rapporte plus, comme interprète. En attendant, même s’il gagne à peine un plein d’essence par mois, Fozil est content de son Président et du gouvernement. Incontestablement content de ne rien contester.

Autre rencontre, autre style : Churshed (le neveu de Jean Rochefort), un rebelle de 35 ans qui a décidé de vivre une vie qui sort complètement des schémas traditionnels. Son leitmotiv : être libre. Je crois que c’est la seule personne qui m’aie parlé de liberté au Tadjikistan. D’abord, son look : baskets, casquette, jogging remonté avec chaussettes apparentes, en gros style jeune gars des cités, chez nous... Sauf qu’il est plein aux as : il possède une ferme, une entreprise de transports, il construit un hôtel-restaurant qui ouvrira cet automne… bref, c’est un malin qui a su créer ses activités et se faire beaucoup d’argent… Ce qu’il aime faire avant tout : prendre sa voiture et parcourir cette vallée qu’il aime tant, s’arrêter pêcher au bord d’une rivière, profiter du silence.

Il est donc tout à fait ravi de m’emmener découvrir la vallée. On ira jusqu’à Javchangoz, le bout du monde… Un village étrange, perdu dans un espace trop grand pour lui à 3 500 m d’alitude, balayé par les vents… Ma première sensation de froid depuis mon arrivée. Un village sans routes, que la jeep peine à traverser (on reste d’abord coincé dans la boue, puis, plus drôle, au milieu d’une rivière..). Mais Churshed jamais ne s’énerve, et toujours s’en sort.

Le pic Marx et le pic Lenine :

Le bout du monde : Javchangoz

Un petit lac dans la vallee :

Sur la route du retour on pêche deux Allemands, et le soir Churshed nous invite tous les trois à rester dormir dans sa famille. Une famille immense (11 enfants… mais qui ont tous terminé leurs études déjà), magnifique, chaleureuse. Et d’une hospitalité extrême, puisqu’en plus des 5 enfants venus passer leurs vacances en famille, ils accueillent 5 étrangers, cette nuit-là : nous 3 et 2 Américains. Le père nous réserve un discours d’accueil émouvant, à coups de « merci d’être là » et de « vous êtes ici chez vous », sans compter les « s’il vous plaît, revenez quand vous voulez, tous les ans je l’espère ». On les bombarde de « spaciba » (merci) mais cela nous semble toujours tellement insuffisant par rapport à la grandeur de ce qu’ils offrent…

Le lendemain Churshed nous ramène à Khorog, la capitale du Pamir, et refuse catégoriquement que nous payions quoi que ce soit… bien entendu.