14.7.10

30 juin – 3 juillet : vallée de Chock-Dara

Suite à mon périple dans la vallée de la Bartang, j’ai décidé d’explorer une autre vallée : celle de Chock-Dara. Des paysages superbes, plus doux et plus spacieux que ceux de la Bartang, des villages plus riches, des routes en meilleur état, des maisons plus grandes, des habitants toujours aussi chaleureux.

A Roshtqala, premier arrêt, et premières rencontres : d’abord avec un collègue (si si), qui bosse pour l’administration régionale et qui ressemble terriblement à Jean Rochefort. C’est troublant de rencontrer Jean Rochefort au Tadjikistan, surtout quand il parle russe. Ce gars devient mon ange gardien : il me trouve un logement pour la nuit en me présentant au prof d’anglais du village, et le lendemain il m’assoit dans la jeep de son neveu qui me servira de guide et de chauffeur (bénévolement) pendant 3 jours.

Fozil, prof d’anglais à Roshtqala, est vraiment adorable. Il peine à nourrir sa famille avec les 35 $ qu’il reçoit chaque mois de l’Etat pour le remercier d’exercer ce métier, mais invite avec plaisir les touristes de passage à partager le repas familial et se reposer dans sa modeste demeure. Il ne sait pas comment il va pouvoir payer des études à ses enfants donc il cherche un travail qui rapporte plus, comme interprète. En attendant, même s’il gagne à peine un plein d’essence par mois, Fozil est content de son Président et du gouvernement. Incontestablement content de ne rien contester.

Autre rencontre, autre style : Churshed (le neveu de Jean Rochefort), un rebelle de 35 ans qui a décidé de vivre une vie qui sort complètement des schémas traditionnels. Son leitmotiv : être libre. Je crois que c’est la seule personne qui m’aie parlé de liberté au Tadjikistan. D’abord, son look : baskets, casquette, jogging remonté avec chaussettes apparentes, en gros style jeune gars des cités, chez nous... Sauf qu’il est plein aux as : il possède une ferme, une entreprise de transports, il construit un hôtel-restaurant qui ouvrira cet automne… bref, c’est un malin qui a su créer ses activités et se faire beaucoup d’argent… Ce qu’il aime faire avant tout : prendre sa voiture et parcourir cette vallée qu’il aime tant, s’arrêter pêcher au bord d’une rivière, profiter du silence.

Il est donc tout à fait ravi de m’emmener découvrir la vallée. On ira jusqu’à Javchangoz, le bout du monde… Un village étrange, perdu dans un espace trop grand pour lui à 3 500 m d’alitude, balayé par les vents… Ma première sensation de froid depuis mon arrivée. Un village sans routes, que la jeep peine à traverser (on reste d’abord coincé dans la boue, puis, plus drôle, au milieu d’une rivière..). Mais Churshed jamais ne s’énerve, et toujours s’en sort.

Le pic Marx et le pic Lenine :

Le bout du monde : Javchangoz

Un petit lac dans la vallee :

Sur la route du retour on pêche deux Allemands, et le soir Churshed nous invite tous les trois à rester dormir dans sa famille. Une famille immense (11 enfants… mais qui ont tous terminé leurs études déjà), magnifique, chaleureuse. Et d’une hospitalité extrême, puisqu’en plus des 5 enfants venus passer leurs vacances en famille, ils accueillent 5 étrangers, cette nuit-là : nous 3 et 2 Américains. Le père nous réserve un discours d’accueil émouvant, à coups de « merci d’être là » et de « vous êtes ici chez vous », sans compter les « s’il vous plaît, revenez quand vous voulez, tous les ans je l’espère ». On les bombarde de « spaciba » (merci) mais cela nous semble toujours tellement insuffisant par rapport à la grandeur de ce qu’ils offrent…

Le lendemain Churshed nous ramène à Khorog, la capitale du Pamir, et refuse catégoriquement que nous payions quoi que ce soit… bien entendu.

1 commentaire:

  1. J'ai pris trop de retard là ! Tes photos sont sublimes, je regrette juste qu'il n'y en ait pas de Churshed ni de Jean Rochefort.

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