17.9.10

6-7 septembre ; Volgograd

Volgograd, plus connue sous le nom de Stalingrad et de sa bataille qui fut l'une des plus meurtrières de la 2ème guerre mondiale. Après avoir subi l'avancée allemande pendant plusieurs mois, l'Armée rouge résiste à Volgograd et finit par l'emporter... Un vrai tournant dans la guerre puisqu'ensuite l'armée allemande entamera son lent déclin.

Le mémorial qui a été réalisé est à la mesure de l'importance de cet événement dans l'histoire russe. Enorme. Personnellement, je n'avais jamais vu un mémorial aussi impressionnant et aussi emouvant. Ils savent y faire... les statues gigantesques, le symbole de la mère patrie dressé en haut d'une colline et visible de très loin, la musique solennelle, la flamme éternelle...
En voici quelques images :










La ville de Volgograd est tellement imprégnée de cette histoire qu'elle la raconte à chaque coin de rue. Des mémoriaux, des bâtiments endommagés, des flammes, des musées... Ici il est impossible d'oublier la guerre.




J'ai quand même réussi à l'oublier un peu grâce à la compagnie de mon hôte, Anna, une fille adorable, intéressante, qui a pris tout le temps qu'elle pouvait dans son emploi du temps de ministre m'accompagner dans ma visite... Anna est une musicienne qui gagne sa vie en exerçant le métier de journaliste. Rubrique économie. C'est également une des rares Russes que j'ai rencontrées qui s'intéressent à l'Asie centrale et aiment cette région (sans y avoir vécu).

5-6 septembre : Elista, à la rencontre des seuls bouddistes d'Europe...

Car oui, il existe un peuple bouddhiste en Europe, personnellement je ne le savais pas avant d'entrer dans la République de Kalmoukie, la région russe qui leur est dédiée... Pour résumer très grossièrement l'histoire du peuple kalmouk : ils sont originaires des steppes de la Mongolie, ont été convertis au bouddhisme sous l'influence des Tibétains, ont migré vers l'Est, et se sont faits régulièrement massacrés au cours de leur histoire, notamment par les Kazakhs, puis par le régime stalinien pour complicité avec l'ennemi allemand pendant la seconde guerre mondiale.

Une identité un peu compliquée à construire, donc...

En attendant, les Kalmouks sont assez fiers de leur temple flambant neuf, inauguré en 2005 par le Dalaï Lama en personne et qui est aujourd'hui le plus grand temple bouddhiste d'Europe.



Le Président kalmouk étant un passionné d'échecs, le drapeau de la fédération nationale d'échecs flotte aux côtés des drapeaux russe et kalmouk sur la « maison blanche » locale...




Et il est allé jusqu'à faire construire une petite ville artificielle, appelée « city chess », entièrement dédiée aux échecs... Pour l'instant, elle est vide, des
gardiens promènent leur ennui dans des allées désespérément vides :



La place centrale d'Elista :

8.9.10

1-4 septembre 2010 : Astrakhan, ou « comment j'ai appris le décès du petit-fils de Sigmund Freud au milieu d'un champ de lotus »

Astrakhan... petite ville sur la Volga, juste avant que celle-ci ne se jette dans la mer Caspienne. Ville tatare, prise par les Russes au XVIème siècle, qui s'est développée grâce au commerce. Avec la chute de l'URSS la situation s'est dégradée : les échanges avec les pays voisins se sont ralentis, les esturgeons sont en voie de disparition (fini, le caviar...) à cause de la pollution et du braconnage, et les conflits dans le Caucase voisin (Tchétchénie, Daghestan) alimentent les tensions dans cette ville multi-ethnique. Aujourd'hui, l'économie est basée essentiellement sur le pétrole. Le géant Gazprom s'y est aussi implanté (et l'eau a une odeur très particulière, depuis...).

Pour moi, Astrakhan sera surtout une espèce de coup de foudre. Je ne m'attendais pas à trouver là une ville aussi belle, agréable, animée, reposante autant que passionnante. Comment dire... je pense que j'y retournerai, tout simplement. Humer encore un peu l'atmosphère des bords de la Volga, admirer ses maisons en bois, explorer ses innombrables cafés, sauver les esturgeons...

J'y ai fait en plus de belles rencontres : j'avais pris contact sur le site « Couchsurfing » (une communauté de voyageurs qui s'hébergent mutuellement, pour faire court) avec Olga, une prof d'anglais et de français de 25 ans. J'ai passé une très bonne soirée avec elle, Léna (une de ses amies qui m'a gentiment hébergée), Nicolas (le seul Français d'Astrakhan, qui a ouvert un bar l'année dernière), et d'autres encore... Bref, je me suis vite sentie bien intégrée à cette ville !

Lena et Olga :




J'ai passé une autre soirée géniale avec Léna et ses collègues de la société Lunvin, une compagnie pétrolière suisse. Ils faisaient un pot, dans les locaux de la boîte, pour fêter... le week-end. (Et apparemment ils remettent ça le lundi pour se donner du courage pour la semaine... !). Vodka, bière, gnôle maison, tarte à la viande et autres réjouissances. Ils parlent quasiment tous anglais, d'autant mieux que leur chef, Simon, est Anglais. Savoureux moment en leur compagnie... Je repars même avec un cadeau, un livre sur la ville d'Astrakhan.



Enfin, autre grand moment de ce séjour : j'ai réussi à me greffer à un groupe de 35 retraités Allemands pour aller voir le delta de la Volga. Au début, j'ai eu un peu peur de l'ambiance, mais finalement ils ont été vraiment adorables, et je me suis fait des amis... notamment Manfield, un éminent médecin et universitaire retraité, qui était d'ailleurs un ami personnel du petit-fils de Sigmund Freud... décédé il y an 1 an. Manfield a surtout une âme de philosophe, et c'est en sa compagnie à la fois drôle et passionnante que j'explore les champs de lotus du delta de la Volga, sur une petite embarcation à moteur. On vit parfois des moments très surprenants.

Les champs de lotus :




Mes amis allemands (Manfield est à droite) :


Ca, c'est mon premier repas en Russie... mmmmhh !!

à

1er septembre : passage de la frontière Kazakhstan – Russie : « l'Union soviétique est loin d'être enterrée ».

J'ai passé la frontière russe en train, dans la nuit du 31 août au 1er septembre. Le plus étonnant est que le train a roulé 3 heures entre le poste-frontière kazakh et le poste-frontière russe. Entre ? Un no man's land, un mystère, un bout de terre non identifié. Bref. Ce voyage transfrontalier s'est avéré être un voyage dans le temps, aussi, celui de l'Union soviétique. Je discute tout d'abord avec deux sympathiques businessmen ouzbeks qui m'expliquent leur nostalgie de l'URSS. Je fais ensuite connaissance avec mon étonnant voisin : un vieil homme, originaire du Caucase (Daghestan), qui a vécu plusieurs années au Kirghizstan et qui revient dans sa région d'origine après avoir obtenu son passeport russe. Dans l'histoire et dans le cœur des gens, l'Union soviétique existe toujours...

La preuve : cet homme m'écrit son adresse en commençant par « Union soviétique »...

3.9.10

29 aout : un petit coin de paradis

Le lendemain de cette folle journée à Beket-Ata, je retrouve Berndt, l'Allemand, à Aktau. Nous décidons d'aller voir Fort-Sevchenko, une ville pétrolière distante de 150 km, et ses environs. Une fois sur place, nous partons vite pour les « environs »... Un gars nous conduit en jeep jusqu'à un « mini-canyon » que nous souhaitions voir. Finalement le mini-canyon ne sera pas extraordinaire, mais sur le chemin nous trouvons un endroit paradisiaque : les ruines d'un ancien sovkhoze, au milieu desquelles errent quelques chameaux, au bord de la Caspienne. Le paysage est splendide, l'eau est claire (je n'avais jamais vu la mer Caspienne propre !), nous nous baignons,... l'extase.




Notre chauffeur, un gars un peu lourd qui a fait 20 ans de prison pour meurtre... (nous l'apprendrons qu'a la fin du voyage !) :



Un chameau qui mange tranquillement dans les rues de Fort-Sevchenko :



Et en cadeau, la photo ridicule du mois :

Mes amis les chameaux, dans les ruines du sovkhoze :

Beket-Ata, ou : comment je me suis retrouvée à faire mes ablutions.

Beket-Ata, un nom mystérieux... des Finlandais rencontrés en Ouzbékistan m'en avaient parlé en ces termes : « il faut absolument que tu y ailles ». Beket-Ata est un lieu saint de l'islam, la Mecque du Kazakhstan. C'est tout ce que je savais avant de m'y rendre. En fin de compte j'ai passé à Beket-Ata l'un des moments les plus incroyables et les plus passionnants de ce voyage.

Comment raconter cette folle journée... Ca a commencé dans un jeep russe avec 8 autres compagnons de voyage kazakhs, très tôt le matin. On s'arraête d'abord à Chopon-Ata, un autre lieu saint sur la route de Beket-Ata. Je noue vite fait un foulard sur ma tête et je suis le groupe. Les femmes me prennent rapidement sous leur aile et m'initient au lieu... C'est ainsi que je me retrouve à faire mes ablutions, m'accroupir tous les 200 mètres dès que quelqu'un entame une prière, passer les mains sur mon visage lorsqu'elle se termine (l'équivalent du signe de croix), boire de l'eau bénite du puits, tourner trois fois en silence autour de certains arbres ou lieux, puis partager le bechbarmak traditionnel (plat à base de viande de mouton ou de cheval accompagnée de pâtes plates géantes) avec mes compagnons de route. C'est la première fois que je mangeais un vrai bechbarmak, celui qu'on mange avec les doigts, assis en rond autour d'un grand plat, avant d'avaler le bouillon dans lequel il a été cuit. Bon, il faut quand même dire que ronger un os de mouton à 9h30 du matin quand on rêve d'un bon petit dej, c'est un peu rude.

La degustation du bechbarmak :




Évidemment, je n'étais pas forcément très à l'aise pendant toute cette cérémonie. Je me sentais comme une gamine à qui il faut tout dire, er qu'on surveille du coin de l'œil pour voir si elle ne fait pas de bêtises. Et bien entendu, je vous passe le moment où j'ai éternué en pleine prière, ou pire, celui où j'ai manqué de me ramasser parce que je ne tiens pas bien la position « accroupie » alors qu'eux peuvent rester des heures comme ça.

Bref, après toutes ces émotions, nous parvenons au but de ce voyage : Beket-Ata. 3 bâtiments perchés au milieu d'un paysage magnifique : 1 pour les sanitaires, 1 pour préparer le bechbarmak du soir; et 1 pour manger et dormir. Le tombeau de Beket-Ata se trouve quant à lui à 3 km de là. Il y a là une centaine de pèlerins et nous nous joignons à la masse pour partager un repas. Chacun a apporté de quoi garnir une immense table : bonbons, pain, salades, pastèque, etc. Après ça une bonne sièste de 2h30, les femmes dans une pièce, les hommes dans une autre. Malheureusement il y a beaucoup plus de femmes... En image ça donne ça :



Mes copines me réveillent pour aller prendre des photos. Elles demandent à un jeune homme qui passe de nous photographier toutes les trois...



Quelques secondes après ce cliché, j'apprends que le jeune homme est Allemand, qu'il est ici par hasard, un peu paumé, seul avec 3 filles kazakhes qui l'aident à comprendre ce qu'il faut faire. Bref, un ami !!!!! Je n'en crois pas mes yeux, lui non plus... on est très content de se trouver. Ca relève même du soulagement.

A 16h tout le monde part à pied vers le tombeau de Beket-Ata, cheminant à travers un paysage splendide. Un paysage kazakh comme je me les imaginais, démesuré, renversant, féérique. Par contre, il fait 50 degrés et il n'y a pas d'ombre... (de douche non plus d'ailleurs).




Ensuite c'est « quartier libre » jusqu'au bechbarmak. A deux, nous sommes tout à fait repérables en tant qu' « étrangers » et les Kazakhs, adorables, viennent nous parler, prendre une photo avec nous, ou juste nous saluer. Bref, nous sommes un peu la deuxième attraction-phare du coin après le tombeau ! Nous avons notamment une discussion intéressante avec deux Kazakhs (très remontés contre leur Président) sur les systèmes de protection sociale. En russe, oui oui... évidemment, du coup, on a pas abordé la question des régimes spéciaux de retraites, je vous le dis tout de suite.

On doit repartir le lendemain matin. Vers minuit, en allant me coucher, je me rencarde sur l'heure du rendez-vous pour repartir... « Le chauffeur a dit 3 heures ». 3h... Dans 3 heures ? Oui, dans 3 heures. La conception du « tôt le matin » des Kazakhs n'est clairement pas la même que la nôtre. Je ne sais pas ce qu'ils appellent « en pleine nuit » en fait... En tout cas, à 3h pétantes tout le monde est dans le minibus. J'ai somnolé 3 heures dans une pièce éclairée à côté de gens qui faisaient la vaisselle.

Mes compagnons de route :



Paysage sur la route :