3.9.10

Beket-Ata, ou : comment je me suis retrouvée à faire mes ablutions.

Beket-Ata, un nom mystérieux... des Finlandais rencontrés en Ouzbékistan m'en avaient parlé en ces termes : « il faut absolument que tu y ailles ». Beket-Ata est un lieu saint de l'islam, la Mecque du Kazakhstan. C'est tout ce que je savais avant de m'y rendre. En fin de compte j'ai passé à Beket-Ata l'un des moments les plus incroyables et les plus passionnants de ce voyage.

Comment raconter cette folle journée... Ca a commencé dans un jeep russe avec 8 autres compagnons de voyage kazakhs, très tôt le matin. On s'arraête d'abord à Chopon-Ata, un autre lieu saint sur la route de Beket-Ata. Je noue vite fait un foulard sur ma tête et je suis le groupe. Les femmes me prennent rapidement sous leur aile et m'initient au lieu... C'est ainsi que je me retrouve à faire mes ablutions, m'accroupir tous les 200 mètres dès que quelqu'un entame une prière, passer les mains sur mon visage lorsqu'elle se termine (l'équivalent du signe de croix), boire de l'eau bénite du puits, tourner trois fois en silence autour de certains arbres ou lieux, puis partager le bechbarmak traditionnel (plat à base de viande de mouton ou de cheval accompagnée de pâtes plates géantes) avec mes compagnons de route. C'est la première fois que je mangeais un vrai bechbarmak, celui qu'on mange avec les doigts, assis en rond autour d'un grand plat, avant d'avaler le bouillon dans lequel il a été cuit. Bon, il faut quand même dire que ronger un os de mouton à 9h30 du matin quand on rêve d'un bon petit dej, c'est un peu rude.

La degustation du bechbarmak :




Évidemment, je n'étais pas forcément très à l'aise pendant toute cette cérémonie. Je me sentais comme une gamine à qui il faut tout dire, er qu'on surveille du coin de l'œil pour voir si elle ne fait pas de bêtises. Et bien entendu, je vous passe le moment où j'ai éternué en pleine prière, ou pire, celui où j'ai manqué de me ramasser parce que je ne tiens pas bien la position « accroupie » alors qu'eux peuvent rester des heures comme ça.

Bref, après toutes ces émotions, nous parvenons au but de ce voyage : Beket-Ata. 3 bâtiments perchés au milieu d'un paysage magnifique : 1 pour les sanitaires, 1 pour préparer le bechbarmak du soir; et 1 pour manger et dormir. Le tombeau de Beket-Ata se trouve quant à lui à 3 km de là. Il y a là une centaine de pèlerins et nous nous joignons à la masse pour partager un repas. Chacun a apporté de quoi garnir une immense table : bonbons, pain, salades, pastèque, etc. Après ça une bonne sièste de 2h30, les femmes dans une pièce, les hommes dans une autre. Malheureusement il y a beaucoup plus de femmes... En image ça donne ça :



Mes copines me réveillent pour aller prendre des photos. Elles demandent à un jeune homme qui passe de nous photographier toutes les trois...



Quelques secondes après ce cliché, j'apprends que le jeune homme est Allemand, qu'il est ici par hasard, un peu paumé, seul avec 3 filles kazakhes qui l'aident à comprendre ce qu'il faut faire. Bref, un ami !!!!! Je n'en crois pas mes yeux, lui non plus... on est très content de se trouver. Ca relève même du soulagement.

A 16h tout le monde part à pied vers le tombeau de Beket-Ata, cheminant à travers un paysage splendide. Un paysage kazakh comme je me les imaginais, démesuré, renversant, féérique. Par contre, il fait 50 degrés et il n'y a pas d'ombre... (de douche non plus d'ailleurs).




Ensuite c'est « quartier libre » jusqu'au bechbarmak. A deux, nous sommes tout à fait repérables en tant qu' « étrangers » et les Kazakhs, adorables, viennent nous parler, prendre une photo avec nous, ou juste nous saluer. Bref, nous sommes un peu la deuxième attraction-phare du coin après le tombeau ! Nous avons notamment une discussion intéressante avec deux Kazakhs (très remontés contre leur Président) sur les systèmes de protection sociale. En russe, oui oui... évidemment, du coup, on a pas abordé la question des régimes spéciaux de retraites, je vous le dis tout de suite.

On doit repartir le lendemain matin. Vers minuit, en allant me coucher, je me rencarde sur l'heure du rendez-vous pour repartir... « Le chauffeur a dit 3 heures ». 3h... Dans 3 heures ? Oui, dans 3 heures. La conception du « tôt le matin » des Kazakhs n'est clairement pas la même que la nôtre. Je ne sais pas ce qu'ils appellent « en pleine nuit » en fait... En tout cas, à 3h pétantes tout le monde est dans le minibus. J'ai somnolé 3 heures dans une pièce éclairée à côté de gens qui faisaient la vaisselle.

Mes compagnons de route :



Paysage sur la route :

2 commentaires:

  1. On sent que tu commences à vraiment maitriser le nouage du foulard sur la tete sans un cheveu qui ne dépasse ! Intégration (presque) parfaite !

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  2. Canon ! je t'imagine trop pdt la prière ;)

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