22.8.05

Isfahan (Iran), le 22 août 2005

« La plus belle ville du monde musulman » selon les guides de voyage, et « la moitié du monde » selon un célèbre vers du XVIème siècle. Effectivement, la monumentale place de l’Imam est impressionnante et particulièrement vivante le soir où elle devient un lieu de balades et de rencontres presque intime. La beauté se cache un peu partout dans la ville, au détour d’une ruelle, dans un fond de cour, sous la forme de débris de mosaïques, de petites mosquées de quartier ou de ruines d’anciennes bâtisses.

Et des rencontres, toujours des rencontres… un homme, dans le quartier arménien, tout fier de nous inviter chez lui et de nous montrer ses chaînes de télé allemandes par satellite. Un jeune qui voulait « pratiquer un peu son anglais » mais surtout nous expliquer qu’Hitler n’était pas un mauvais gars… Une petite interview habituelle de 5 minutes top chrono avec les incontournables « where do you come from ? Do you like Iran ? What’s your job ? Can I have your e-mail adress ? ». Enfin, deux marchands de tapis très progressistes, ouverts et désabusés. Avec l’un d’eux nous avons beaucoup parlé des relations hommes-femmes. Il nous a expliqué être allé en Turquie à la recherche d’une femme parce qu’ici il n’est pas possible de « fréquenter » quelqu’un : si tu veux te marier avec une femme, tu as droit à deux ou trois discussions avec elle et ses parents dans le salon familial. Ce système produit bien évidemment énormément de désamour, de conflits, de malheur… Des femmes qui n’osent pas divorcer par crainte du regard des autres et de l’isolement, etc. Les gens veulent que ça change, mais comment ? Certes ils ont volé quelques libertés, par exemple en osant se parler dans la rue sans être mariés (ce qui n’était pas envisageable il y a 5 ans), mais les mollahs viennent toujours faire quelques razzias certains soirs sur la place de l’Imam pour punir les femmes de ce comportement inadmissible.

Et puis le patron du magasin, avec sa vieille tête d’instituteur, son regard lucide sur le monde, qui a commencé son propos sur la politique américaine en Iran par « il ne faut pas croire les médias ». Puis il s’est lui aussi lancé sur le sujet des relations hommes-femmes. Il nous a expliqué qu’au sein du peuple iranien, la femme était profondément respectée, que pour lui il n’y avait pas de différence, que le port du voile était "stupide", et que dans son foyer les tâches ménagères étaient partagées. Le mystère est le suivant : combien y a-t-il d’hommes qui tiennent ce discours dans ce pays ?

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