25.8.05

Shiraz (Iran), le 25 août 2005

Après avoir quitté avec émotion Toralf et Katarina, je fais la connaissance, autour du tombeau d’Hafez, d’une jeune Iranienne de 20 ans : Samira. Impressionnée par mon voyage et mon indépendance, elle me pose énormément de questions : quand est-ce que je suis partie de chez mes parents ? Pourquoi est-ce qu’ils n’ont pas pu me suivre dans la ville où j’ai étudié ? Etc. Bref, elle voulait le mode d’emploi de la jeunesse occidentale. Elle m’invite à manger chez elle, où je rencontre toute sa famille. Nous passons l’après-midi à bavarder et boire du thé. Samira est clairement une néo-conservatrice, en phase avec le nouveau Président « parce qu’il n’a qu’une petite maison à Téhéran, il est humble ». J’essaie d’éviter le débat sur la religion car j’ai été obligée de dire que j’étais catholique, mais je n’y connais rien… Ma crainte, pendant ces quelques heures, c’est qu’elle me lance sur des questions théologiques ! Lorsque nous nous quittons le soir, je me sens frustrée et « fausse », j’ai l’impression de passer mon temps à mentir, et qu’une relation amicale sincère n’est pas possible dans ce pays. Car de quoi pourrais-je parler avec elle, si je laisse de côté tous les sujets susceptibles de la choquer ? Comment tenter d’expliquer qui je suis à quelqu’un rempli de tabous ? De son côté, elle s’enflamme : je vais lui manquer, ce jour est inoubliable, sa vie a changé depuis qu’elle m’a rencontrée, etc. Je suis touchée de ces mots et de ce lyrisme, mais profondément mal à l’aise.

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