Volgograd, plus connue sous le nom de Stalingrad et de sa bataille qui fut l'une des plus meurtrières de la 2ème guerre mondiale. Après avoir subi l'avancée allemande pendant plusieurs mois, l'Armée rouge résiste à Volgograd et finit par l'emporter... Un vrai tournant dans la guerre puisqu'ensuite l'armée allemande entamera son lent déclin.
Le mémorial qui a été réalisé est à la mesure de l'importance de cet événement dans l'histoire russe. Enorme. Personnellement, je n'avais jamais vu un mémorial aussi impressionnant et aussi emouvant. Ils savent y faire... les statues gigantesques, le symbole de la mère patrie dressé en haut d'une colline et visible de très loin, la musique solennelle, la flamme éternelle...
En voici quelques images :
La ville de Volgograd est tellement imprégnée de cette histoire qu'elle la raconte à chaque coin de rue. Des mémoriaux, des bâtiments endommagés, des flammes, des musées... Ici il est impossible d'oublier la guerre.
J'ai quand même réussi à l'oublier un peu grâce à la compagnie de mon hôte, Anna, une fille adorable, intéressante, qui a pris tout le temps qu'elle pouvait dans son emploi du temps de ministre m'accompagner dans ma visite... Anna est une musicienne qui gagne sa vie en exerçant le métier de journaliste. Rubrique économie. C'est également une des rares Russes que j'ai rencontrées qui s'intéressent à l'Asie centrale et aiment cette région (sans y avoir vécu).
17.9.10
5-6 septembre : Elista, à la rencontre des seuls bouddistes d'Europe...
Car oui, il existe un peuple bouddhiste en Europe, personnellement je ne le savais pas avant d'entrer dans la République de Kalmoukie, la région russe qui leur est dédiée... Pour résumer très grossièrement l'histoire du peuple kalmouk : ils sont originaires des steppes de la Mongolie, ont été convertis au bouddhisme sous l'influence des Tibétains, ont migré vers l'Est, et se sont faits régulièrement massacrés au cours de leur histoire, notamment par les Kazakhs, puis par le régime stalinien pour complicité avec l'ennemi allemand pendant la seconde guerre mondiale.
Une identité un peu compliquée à construire, donc...
En attendant, les Kalmouks sont assez fiers de leur temple flambant neuf, inauguré en 2005 par le Dalaï Lama en personne et qui est aujourd'hui le plus grand temple bouddhiste d'Europe.
Le Président kalmouk étant un passionné d'échecs, le drapeau de la fédération nationale d'échecs flotte aux côtés des drapeaux russe et kalmouk sur la « maison blanche » locale...
Et il est allé jusqu'à faire construire une petite ville artificielle, appelée « city chess », entièrement dédiée aux échecs... Pour l'instant, elle est vide, des
gardiens promènent leur ennui dans des allées désespérément vides :
La place centrale d'Elista :
Une identité un peu compliquée à construire, donc...
En attendant, les Kalmouks sont assez fiers de leur temple flambant neuf, inauguré en 2005 par le Dalaï Lama en personne et qui est aujourd'hui le plus grand temple bouddhiste d'Europe.
Le Président kalmouk étant un passionné d'échecs, le drapeau de la fédération nationale d'échecs flotte aux côtés des drapeaux russe et kalmouk sur la « maison blanche » locale...
Et il est allé jusqu'à faire construire une petite ville artificielle, appelée « city chess », entièrement dédiée aux échecs... Pour l'instant, elle est vide, des
gardiens promènent leur ennui dans des allées désespérément vides :
La place centrale d'Elista :
8.9.10
1-4 septembre 2010 : Astrakhan, ou « comment j'ai appris le décès du petit-fils de Sigmund Freud au milieu d'un champ de lotus »
Astrakhan... petite ville sur la Volga, juste avant que celle-ci ne se jette dans la mer Caspienne. Ville tatare, prise par les Russes au XVIème siècle, qui s'est développée grâce au commerce. Avec la chute de l'URSS la situation s'est dégradée : les échanges avec les pays voisins se sont ralentis, les esturgeons sont en voie de disparition (fini, le caviar...) à cause de la pollution et du braconnage, et les conflits dans le Caucase voisin (Tchétchénie, Daghestan) alimentent les tensions dans cette ville multi-ethnique. Aujourd'hui, l'économie est basée essentiellement sur le pétrole. Le géant Gazprom s'y est aussi implanté (et l'eau a une odeur très particulière, depuis...).
Pour moi, Astrakhan sera surtout une espèce de coup de foudre. Je ne m'attendais pas à trouver là une ville aussi belle, agréable, animée, reposante autant que passionnante. Comment dire... je pense que j'y retournerai, tout simplement. Humer encore un peu l'atmosphère des bords de la Volga, admirer ses maisons en bois, explorer ses innombrables cafés, sauver les esturgeons...
J'y ai fait en plus de belles rencontres : j'avais pris contact sur le site « Couchsurfing » (une communauté de voyageurs qui s'hébergent mutuellement, pour faire court) avec Olga, une prof d'anglais et de français de 25 ans. J'ai passé une très bonne soirée avec elle, Léna (une de ses amies qui m'a gentiment hébergée), Nicolas (le seul Français d'Astrakhan, qui a ouvert un bar l'année dernière), et d'autres encore... Bref, je me suis vite sentie bien intégrée à cette ville !
Lena et Olga :
J'ai passé une autre soirée géniale avec Léna et ses collègues de la société Lunvin, une compagnie pétrolière suisse. Ils faisaient un pot, dans les locaux de la boîte, pour fêter... le week-end. (Et apparemment ils remettent ça le lundi pour se donner du courage pour la semaine... !). Vodka, bière, gnôle maison, tarte à la viande et autres réjouissances. Ils parlent quasiment tous anglais, d'autant mieux que leur chef, Simon, est Anglais. Savoureux moment en leur compagnie... Je repars même avec un cadeau, un livre sur la ville d'Astrakhan.
Enfin, autre grand moment de ce séjour : j'ai réussi à me greffer à un groupe de 35 retraités Allemands pour aller voir le delta de la Volga. Au début, j'ai eu un peu peur de l'ambiance, mais finalement ils ont été vraiment adorables, et je me suis fait des amis... notamment Manfield, un éminent médecin et universitaire retraité, qui était d'ailleurs un ami personnel du petit-fils de Sigmund Freud... décédé il y an 1 an. Manfield a surtout une âme de philosophe, et c'est en sa compagnie à la fois drôle et passionnante que j'explore les champs de lotus du delta de la Volga, sur une petite embarcation à moteur. On vit parfois des moments très surprenants.
Les champs de lotus :
Mes amis allemands (Manfield est à droite) :
Ca, c'est mon premier repas en Russie... mmmmhh !!
à
Pour moi, Astrakhan sera surtout une espèce de coup de foudre. Je ne m'attendais pas à trouver là une ville aussi belle, agréable, animée, reposante autant que passionnante. Comment dire... je pense que j'y retournerai, tout simplement. Humer encore un peu l'atmosphère des bords de la Volga, admirer ses maisons en bois, explorer ses innombrables cafés, sauver les esturgeons...
J'y ai fait en plus de belles rencontres : j'avais pris contact sur le site « Couchsurfing » (une communauté de voyageurs qui s'hébergent mutuellement, pour faire court) avec Olga, une prof d'anglais et de français de 25 ans. J'ai passé une très bonne soirée avec elle, Léna (une de ses amies qui m'a gentiment hébergée), Nicolas (le seul Français d'Astrakhan, qui a ouvert un bar l'année dernière), et d'autres encore... Bref, je me suis vite sentie bien intégrée à cette ville !
Lena et Olga :
J'ai passé une autre soirée géniale avec Léna et ses collègues de la société Lunvin, une compagnie pétrolière suisse. Ils faisaient un pot, dans les locaux de la boîte, pour fêter... le week-end. (Et apparemment ils remettent ça le lundi pour se donner du courage pour la semaine... !). Vodka, bière, gnôle maison, tarte à la viande et autres réjouissances. Ils parlent quasiment tous anglais, d'autant mieux que leur chef, Simon, est Anglais. Savoureux moment en leur compagnie... Je repars même avec un cadeau, un livre sur la ville d'Astrakhan.
Enfin, autre grand moment de ce séjour : j'ai réussi à me greffer à un groupe de 35 retraités Allemands pour aller voir le delta de la Volga. Au début, j'ai eu un peu peur de l'ambiance, mais finalement ils ont été vraiment adorables, et je me suis fait des amis... notamment Manfield, un éminent médecin et universitaire retraité, qui était d'ailleurs un ami personnel du petit-fils de Sigmund Freud... décédé il y an 1 an. Manfield a surtout une âme de philosophe, et c'est en sa compagnie à la fois drôle et passionnante que j'explore les champs de lotus du delta de la Volga, sur une petite embarcation à moteur. On vit parfois des moments très surprenants.
Les champs de lotus :
Mes amis allemands (Manfield est à droite) :
Ca, c'est mon premier repas en Russie... mmmmhh !!
à
1er septembre : passage de la frontière Kazakhstan – Russie : « l'Union soviétique est loin d'être enterrée ».
J'ai passé la frontière russe en train, dans la nuit du 31 août au 1er septembre. Le plus étonnant est que le train a roulé 3 heures entre le poste-frontière kazakh et le poste-frontière russe. Entre ? Un no man's land, un mystère, un bout de terre non identifié. Bref. Ce voyage transfrontalier s'est avéré être un voyage dans le temps, aussi, celui de l'Union soviétique. Je discute tout d'abord avec deux sympathiques businessmen ouzbeks qui m'expliquent leur nostalgie de l'URSS. Je fais ensuite connaissance avec mon étonnant voisin : un vieil homme, originaire du Caucase (Daghestan), qui a vécu plusieurs années au Kirghizstan et qui revient dans sa région d'origine après avoir obtenu son passeport russe. Dans l'histoire et dans le cœur des gens, l'Union soviétique existe toujours...
La preuve : cet homme m'écrit son adresse en commençant par « Union soviétique »...
La preuve : cet homme m'écrit son adresse en commençant par « Union soviétique »...
3.9.10
29 aout : un petit coin de paradis
Le lendemain de cette folle journée à Beket-Ata, je retrouve Berndt, l'Allemand, à Aktau. Nous décidons d'aller voir Fort-Sevchenko, une ville pétrolière distante de 150 km, et ses environs. Une fois sur place, nous partons vite pour les « environs »... Un gars nous conduit en jeep jusqu'à un « mini-canyon » que nous souhaitions voir. Finalement le mini-canyon ne sera pas extraordinaire, mais sur le chemin nous trouvons un endroit paradisiaque : les ruines d'un ancien sovkhoze, au milieu desquelles errent quelques chameaux, au bord de la Caspienne. Le paysage est splendide, l'eau est claire (je n'avais jamais vu la mer Caspienne propre !), nous nous baignons,... l'extase.
Notre chauffeur, un gars un peu lourd qui a fait 20 ans de prison pour meurtre... (nous l'apprendrons qu'a la fin du voyage !) :
Un chameau qui mange tranquillement dans les rues de Fort-Sevchenko :
Et en cadeau, la photo ridicule du mois :
Mes amis les chameaux, dans les ruines du sovkhoze :
Notre chauffeur, un gars un peu lourd qui a fait 20 ans de prison pour meurtre... (nous l'apprendrons qu'a la fin du voyage !) :
Un chameau qui mange tranquillement dans les rues de Fort-Sevchenko :
Et en cadeau, la photo ridicule du mois :
Mes amis les chameaux, dans les ruines du sovkhoze :
Beket-Ata, ou : comment je me suis retrouvée à faire mes ablutions.
Beket-Ata, un nom mystérieux... des Finlandais rencontrés en Ouzbékistan m'en avaient parlé en ces termes : « il faut absolument que tu y ailles ». Beket-Ata est un lieu saint de l'islam, la Mecque du Kazakhstan. C'est tout ce que je savais avant de m'y rendre. En fin de compte j'ai passé à Beket-Ata l'un des moments les plus incroyables et les plus passionnants de ce voyage.
Comment raconter cette folle journée... Ca a commencé dans un jeep russe avec 8 autres compagnons de voyage kazakhs, très tôt le matin. On s'arraête d'abord à Chopon-Ata, un autre lieu saint sur la route de Beket-Ata. Je noue vite fait un foulard sur ma tête et je suis le groupe. Les femmes me prennent rapidement sous leur aile et m'initient au lieu... C'est ainsi que je me retrouve à faire mes ablutions, m'accroupir tous les 200 mètres dès que quelqu'un entame une prière, passer les mains sur mon visage lorsqu'elle se termine (l'équivalent du signe de croix), boire de l'eau bénite du puits, tourner trois fois en silence autour de certains arbres ou lieux, puis partager le bechbarmak traditionnel (plat à base de viande de mouton ou de cheval accompagnée de pâtes plates géantes) avec mes compagnons de route. C'est la première fois que je mangeais un vrai bechbarmak, celui qu'on mange avec les doigts, assis en rond autour d'un grand plat, avant d'avaler le bouillon dans lequel il a été cuit. Bon, il faut quand même dire que ronger un os de mouton à 9h30 du matin quand on rêve d'un bon petit dej, c'est un peu rude.
La degustation du bechbarmak :
Évidemment, je n'étais pas forcément très à l'aise pendant toute cette cérémonie. Je me sentais comme une gamine à qui il faut tout dire, er qu'on surveille du coin de l'œil pour voir si elle ne fait pas de bêtises. Et bien entendu, je vous passe le moment où j'ai éternué en pleine prière, ou pire, celui où j'ai manqué de me ramasser parce que je ne tiens pas bien la position « accroupie » alors qu'eux peuvent rester des heures comme ça.
Bref, après toutes ces émotions, nous parvenons au but de ce voyage : Beket-Ata. 3 bâtiments perchés au milieu d'un paysage magnifique : 1 pour les sanitaires, 1 pour préparer le bechbarmak du soir; et 1 pour manger et dormir. Le tombeau de Beket-Ata se trouve quant à lui à 3 km de là. Il y a là une centaine de pèlerins et nous nous joignons à la masse pour partager un repas. Chacun a apporté de quoi garnir une immense table : bonbons, pain, salades, pastèque, etc. Après ça une bonne sièste de 2h30, les femmes dans une pièce, les hommes dans une autre. Malheureusement il y a beaucoup plus de femmes... En image ça donne ça :
Mes copines me réveillent pour aller prendre des photos. Elles demandent à un jeune homme qui passe de nous photographier toutes les trois...
Quelques secondes après ce cliché, j'apprends que le jeune homme est Allemand, qu'il est ici par hasard, un peu paumé, seul avec 3 filles kazakhes qui l'aident à comprendre ce qu'il faut faire. Bref, un ami !!!!! Je n'en crois pas mes yeux, lui non plus... on est très content de se trouver. Ca relève même du soulagement.
A 16h tout le monde part à pied vers le tombeau de Beket-Ata, cheminant à travers un paysage splendide. Un paysage kazakh comme je me les imaginais, démesuré, renversant, féérique. Par contre, il fait 50 degrés et il n'y a pas d'ombre... (de douche non plus d'ailleurs).
Ensuite c'est « quartier libre » jusqu'au bechbarmak. A deux, nous sommes tout à fait repérables en tant qu' « étrangers » et les Kazakhs, adorables, viennent nous parler, prendre une photo avec nous, ou juste nous saluer. Bref, nous sommes un peu la deuxième attraction-phare du coin après le tombeau ! Nous avons notamment une discussion intéressante avec deux Kazakhs (très remontés contre leur Président) sur les systèmes de protection sociale. En russe, oui oui... évidemment, du coup, on a pas abordé la question des régimes spéciaux de retraites, je vous le dis tout de suite.
On doit repartir le lendemain matin. Vers minuit, en allant me coucher, je me rencarde sur l'heure du rendez-vous pour repartir... « Le chauffeur a dit 3 heures ». 3h... Dans 3 heures ? Oui, dans 3 heures. La conception du « tôt le matin » des Kazakhs n'est clairement pas la même que la nôtre. Je ne sais pas ce qu'ils appellent « en pleine nuit » en fait... En tout cas, à 3h pétantes tout le monde est dans le minibus. J'ai somnolé 3 heures dans une pièce éclairée à côté de gens qui faisaient la vaisselle.
Mes compagnons de route :
Paysage sur la route :
Comment raconter cette folle journée... Ca a commencé dans un jeep russe avec 8 autres compagnons de voyage kazakhs, très tôt le matin. On s'arraête d'abord à Chopon-Ata, un autre lieu saint sur la route de Beket-Ata. Je noue vite fait un foulard sur ma tête et je suis le groupe. Les femmes me prennent rapidement sous leur aile et m'initient au lieu... C'est ainsi que je me retrouve à faire mes ablutions, m'accroupir tous les 200 mètres dès que quelqu'un entame une prière, passer les mains sur mon visage lorsqu'elle se termine (l'équivalent du signe de croix), boire de l'eau bénite du puits, tourner trois fois en silence autour de certains arbres ou lieux, puis partager le bechbarmak traditionnel (plat à base de viande de mouton ou de cheval accompagnée de pâtes plates géantes) avec mes compagnons de route. C'est la première fois que je mangeais un vrai bechbarmak, celui qu'on mange avec les doigts, assis en rond autour d'un grand plat, avant d'avaler le bouillon dans lequel il a été cuit. Bon, il faut quand même dire que ronger un os de mouton à 9h30 du matin quand on rêve d'un bon petit dej, c'est un peu rude.
La degustation du bechbarmak :
Évidemment, je n'étais pas forcément très à l'aise pendant toute cette cérémonie. Je me sentais comme une gamine à qui il faut tout dire, er qu'on surveille du coin de l'œil pour voir si elle ne fait pas de bêtises. Et bien entendu, je vous passe le moment où j'ai éternué en pleine prière, ou pire, celui où j'ai manqué de me ramasser parce que je ne tiens pas bien la position « accroupie » alors qu'eux peuvent rester des heures comme ça.
Bref, après toutes ces émotions, nous parvenons au but de ce voyage : Beket-Ata. 3 bâtiments perchés au milieu d'un paysage magnifique : 1 pour les sanitaires, 1 pour préparer le bechbarmak du soir; et 1 pour manger et dormir. Le tombeau de Beket-Ata se trouve quant à lui à 3 km de là. Il y a là une centaine de pèlerins et nous nous joignons à la masse pour partager un repas. Chacun a apporté de quoi garnir une immense table : bonbons, pain, salades, pastèque, etc. Après ça une bonne sièste de 2h30, les femmes dans une pièce, les hommes dans une autre. Malheureusement il y a beaucoup plus de femmes... En image ça donne ça :
Mes copines me réveillent pour aller prendre des photos. Elles demandent à un jeune homme qui passe de nous photographier toutes les trois...
Quelques secondes après ce cliché, j'apprends que le jeune homme est Allemand, qu'il est ici par hasard, un peu paumé, seul avec 3 filles kazakhes qui l'aident à comprendre ce qu'il faut faire. Bref, un ami !!!!! Je n'en crois pas mes yeux, lui non plus... on est très content de se trouver. Ca relève même du soulagement.
A 16h tout le monde part à pied vers le tombeau de Beket-Ata, cheminant à travers un paysage splendide. Un paysage kazakh comme je me les imaginais, démesuré, renversant, féérique. Par contre, il fait 50 degrés et il n'y a pas d'ombre... (de douche non plus d'ailleurs).
Ensuite c'est « quartier libre » jusqu'au bechbarmak. A deux, nous sommes tout à fait repérables en tant qu' « étrangers » et les Kazakhs, adorables, viennent nous parler, prendre une photo avec nous, ou juste nous saluer. Bref, nous sommes un peu la deuxième attraction-phare du coin après le tombeau ! Nous avons notamment une discussion intéressante avec deux Kazakhs (très remontés contre leur Président) sur les systèmes de protection sociale. En russe, oui oui... évidemment, du coup, on a pas abordé la question des régimes spéciaux de retraites, je vous le dis tout de suite.
On doit repartir le lendemain matin. Vers minuit, en allant me coucher, je me rencarde sur l'heure du rendez-vous pour repartir... « Le chauffeur a dit 3 heures ». 3h... Dans 3 heures ? Oui, dans 3 heures. La conception du « tôt le matin » des Kazakhs n'est clairement pas la même que la nôtre. Je ne sais pas ce qu'ils appellent « en pleine nuit » en fait... En tout cas, à 3h pétantes tout le monde est dans le minibus. J'ai somnolé 3 heures dans une pièce éclairée à côté de gens qui faisaient la vaisselle.
Mes compagnons de route :
Paysage sur la route :
31.8.10
Aktau, tout un poème
Me voilà au bord de la Caspienne... Le Lonely Planet décrit cette ville comme « une des plus étranges cités de l’ex-URSS ». Je confirme. Je dirais même que le terme « étrange » est, par sa neutralité, un peu trop sympathique. Cette ville est désagréable. Enfin… il y a la mer, tout de même, mais justement, quand on imagine quel endroit ça aurait pu être… on reste sans voix devant une telle catastrophe urbanistique. Les architectes soviétiques avaient concrétisé à Aktau un nouveau concept de ville divisée en secteurs portant chacun un numéro. Sans nom de rue. Une adresse, par exemple : secteur 27, bloc numéro 8. A la base, ce n’était déjà pas très convivial. En plus, Aktau, contrairement à la très grande majorité des villes d’Asie centrale, n’a que peu de verdure, et aucun grand parc. Bref, ce n’était pas la plus réussie des villes soviétiques. A cela viennent s’ajouter les horreurs récentes : un bord de mer en train d’être en grande partie privatisé par la construction de grandes villas ceinturées de barrières infranchissables. Mis à part 200 mètres de côte proprette avec des cafés sympas dans le centre-ville, les quelques accès publics à la mer sont glauquissimes. Complètement laissés à l’abandon, ils se transforment peu à peu en décharges. Quelques cabanons en tôle fréquentés par des alcooliques et protégés par des chiens errants complètent ce sombre tableau. Les plages sont très sales : jonchées de bris de verre, truffées de mégots... Et l’eau n’est pas bien attirante non plus… Le seul « parc » de la ville (le « parc des enfants ») est lui aussi devenu une grande friche apocalyptique. On y trouve des vieux manèges abandonnés, un cimetière de pneus, des bidons et de la tôle rouillés, des bancs cassés, du verre pilé…
Le cimetière de manèges pour enfants d'Aktau :
Le cimetière de pneus d'Aktau :
Je me suis un peu ennuyée sur la plage, alors... hum... j'avoue, j'ai scotché sur une mouette :
Le cimetière de manèges pour enfants d'Aktau :
Le cimetière de pneus d'Aktau :
Je me suis un peu ennuyée sur la plage, alors... hum... j'avoue, j'ai scotché sur une mouette :
23-25 août : 45 heures de train à travers les steppes
Les petites virées de 16 ou 24 heures en train n’étaient qu’un petit entrainement ridicule avant LE grand voyage… celui qui mène vers la mer Caspienne : 45 heures depuis Astana. Petite précision pour mieux comprendre la géographie kazakhe : d’abord, il faut se souvenir que le Kazakhstan fait partie des 10 plus grands pays du monde (en superficie). A l’extrême-est la Chine, de l’autre côté la mer Caspienne. Au nord la Russie, au sud, les autres pays en -stan. Maintenant, coupons le Kazakhstan en deux : dans la partie Est, il y a Astana (au nord), Almaty (au sud), le grand lac Balkhash, des grandes villes industrielles, des montagnes (sud-est), des lacs, bref pas mal de choses à voir et puis surtout le cœur économique et politique du pays. Dans la moitié ouest… un énorme no man’s land de steppes qui doit faire à peu près 3 fois la superficie de la France. Et puis au bout, la mer Caspienne et deux villes d’importance : Aktau et Atyrau. Des villes qui battent au rythme de l’exploitation des gisements pétroliers de la Caspienne.
Ce petit point géographique explique en partie pourquoi le trajet a duré 45 heures. Et qu’est-ce qu’on fait pendant 45 heures dans un train ? Ben… on lit, on mange des soupes de nouilles chinoises deux fois par jour, on boit du thé, on dort. Et on prie pour que la batterie de son MP3 ne lâche pas. Niveau communication avec les voisins, c’était calme… Il est vrai que je suis entrée dans le train d’une humeur massacrante, ce qui ne m’a pas aidé à me faire tout de suite des amis. Ensuite j’ai trouvé une fille de 17 ans avec qui papoter un peu et partager mes moments « soupe de nouilles ». Elle est serveuse dans un café à Aktau. Ses parents voulaient qu’elle fasse des études, mais elle ne voulait pas… A part les téléphones portables, il n’y a pas grand-chose qui la passionne, manifestement. Il y a eu aussi cet Ouzbek très sympa venu me poser un milliard de questions, et puis le « provodnik » (chef de wagon) qui voulait savoir s’il pouvait exercer le métier de « provodnik » en France… Je lui ai répondu qu’il serait transformé en un simple contrôleur et qu’il passerait son temps à faire des petits trous et filer des amendes. Tout de suite, c’était moins attractif.
Mais bon, globalement, c’était très très long.
Ce petit point géographique explique en partie pourquoi le trajet a duré 45 heures. Et qu’est-ce qu’on fait pendant 45 heures dans un train ? Ben… on lit, on mange des soupes de nouilles chinoises deux fois par jour, on boit du thé, on dort. Et on prie pour que la batterie de son MP3 ne lâche pas. Niveau communication avec les voisins, c’était calme… Il est vrai que je suis entrée dans le train d’une humeur massacrante, ce qui ne m’a pas aidé à me faire tout de suite des amis. Ensuite j’ai trouvé une fille de 17 ans avec qui papoter un peu et partager mes moments « soupe de nouilles ». Elle est serveuse dans un café à Aktau. Ses parents voulaient qu’elle fasse des études, mais elle ne voulait pas… A part les téléphones portables, il n’y a pas grand-chose qui la passionne, manifestement. Il y a eu aussi cet Ouzbek très sympa venu me poser un milliard de questions, et puis le « provodnik » (chef de wagon) qui voulait savoir s’il pouvait exercer le métier de « provodnik » en France… Je lui ai répondu qu’il serait transformé en un simple contrôleur et qu’il passerait son temps à faire des petits trous et filer des amendes. Tout de suite, c’était moins attractif.
Mais bon, globalement, c’était très très long.
Excursion dans la petite Suisse du Kazakhstan... le lac Burabaï
Oui, j'aime les lacs... Et celui-ci est accessible en 3 heures de minibus directement depuis Astana. Dans tous les pays du monde il y a une « Suisse » et une « Venise ». Eh ben Burabaï, c'est la « petite Suisse » du Kazakhstan. L'endroit est beau, oui, mais le plus exceptionnel n'est pas ce lac en lui-même : c'est qu'il se trouve au milieu des steppes. Un lac entouré de montagnes, au milieu des steppes. Du coup, il y a tout un tas de légendes qui circulent par ici...
Personnellement j'ai passé une très bonne journée, malgré la pluie qui a un peu gâché le paysage. Tout ça parce que cette journée m'a offert quelques belles rencontres. Je me suis retrouvée dans un minibus pour un tour du lac commenté en russe et traduit en anglais (ou presque) spécialement pour moi. Du coup j'ai vite sympathisé avec la guide, et puis aussi avec le gars qui gérait les excursions. Ca m'a fait un bien fou de parler avec des gens (en anglais), de me marrer un peu autour d'un thé, de me balader avec eux... J'ai adoré. Et puis le troisième larron très sympathique, c'était Kostia, le chauffeur de minibus, qui a voulu papoter tout le trajet retour.
La photo de groupe, obligatoire, même si on ne se connaît que depuis 10 minutes :
Le lac et ses légendes... Là, on voit le visage d'une femme... (oui, sur la pierre) :
Ma guide préférée, Gouljamal (oui, tout le monde lui dit qu'elle ressemble à une Chinoise) :
Mes amis qui ont ensoleillé cette journée : Gouljamal, Kostia mon chauffeur, et Donya, l'organisateur des excursions :
Personnellement j'ai passé une très bonne journée, malgré la pluie qui a un peu gâché le paysage. Tout ça parce que cette journée m'a offert quelques belles rencontres. Je me suis retrouvée dans un minibus pour un tour du lac commenté en russe et traduit en anglais (ou presque) spécialement pour moi. Du coup j'ai vite sympathisé avec la guide, et puis aussi avec le gars qui gérait les excursions. Ca m'a fait un bien fou de parler avec des gens (en anglais), de me marrer un peu autour d'un thé, de me balader avec eux... J'ai adoré. Et puis le troisième larron très sympathique, c'était Kostia, le chauffeur de minibus, qui a voulu papoter tout le trajet retour.
La photo de groupe, obligatoire, même si on ne se connaît que depuis 10 minutes :
Le lac et ses légendes... Là, on voit le visage d'une femme... (oui, sur la pierre) :
Ma guide préférée, Gouljamal (oui, tout le monde lui dit qu'elle ressemble à une Chinoise) :
Mes amis qui ont ensoleillé cette journée : Gouljamal, Kostia mon chauffeur, et Donya, l'organisateur des excursions :
21.8.10
19-21 aout : Astana, nouvelle capitale
16 heures de bus pour rejoindre Astana, via Pavlodar où je passe une nuit dans un hôtel de misère. Disons que l’hôtel est correct mais il accueille toute la misère de la région. « Le Kazakhstan d’en bas » comme dirait peut-être le Président Nazabaev.
Astana est une ville incroyable. Une ville nouvelle qui n’a pas grand chose à voir avec Sénart ou Cergy-Pontoise. Non, là on part d’un bled de 2000 habitants au milieu des steppes et on en fait une capitale clinquante en moins de 2.
Bref, Astana c’est un peu le Disneyland des architectes et des urbanistes. Un espèce de mélange entre le quartier de la Défense, Walibi-shtroumpf, et le centre commercial d’Evry-Courcouronnes. Si le but du nouveau quartier était d’imprressionner, c’est réussi :
Voilà ce que ça donne… (desolee on entend que le vent) :
Il faut dire que ce n’est pas laid du tout. Esthétiquement, on sent qu’il y a eu de la recherche… Bon le principal problème c’est peut-être qu’il n’y a pas grand monde… Quelques cravates à droite à gauche mais je n’ai pas croisé de quoi remplir une tour.
Je vous passe aussi la nouvelle perle d’Astana : une énorme cloche sous laquelle se cache un concept hybride de centre commercial doublé d’un parc d’attractions…
Voilà. Heureusement, il y a aussi (et surtout) une vieille ville, plus humaine, plus grouillante aussi, parsemée de quelques coups d’éclat architecturaux, qu’ils soient soviétiques ou plus récents. Et un immense parc en plein milieu de la ville, bordant le fleuve Ichim. Ce qui créé moultes endroits fort agréables.
Une aire d'autoroute...
Oui ben moi elle me plait, cette photo...
Et ces tours aussi, elles me plaisent :
Le nouveau quartier :
Le nouveau centre commercial en forme de cloche :
Astana est une ville incroyable. Une ville nouvelle qui n’a pas grand chose à voir avec Sénart ou Cergy-Pontoise. Non, là on part d’un bled de 2000 habitants au milieu des steppes et on en fait une capitale clinquante en moins de 2.
Bref, Astana c’est un peu le Disneyland des architectes et des urbanistes. Un espèce de mélange entre le quartier de la Défense, Walibi-shtroumpf, et le centre commercial d’Evry-Courcouronnes. Si le but du nouveau quartier était d’imprressionner, c’est réussi :
Voilà ce que ça donne… (desolee on entend que le vent) :
Il faut dire que ce n’est pas laid du tout. Esthétiquement, on sent qu’il y a eu de la recherche… Bon le principal problème c’est peut-être qu’il n’y a pas grand monde… Quelques cravates à droite à gauche mais je n’ai pas croisé de quoi remplir une tour.
Je vous passe aussi la nouvelle perle d’Astana : une énorme cloche sous laquelle se cache un concept hybride de centre commercial doublé d’un parc d’attractions…
Voilà. Heureusement, il y a aussi (et surtout) une vieille ville, plus humaine, plus grouillante aussi, parsemée de quelques coups d’éclat architecturaux, qu’ils soient soviétiques ou plus récents. Et un immense parc en plein milieu de la ville, bordant le fleuve Ichim. Ce qui créé moultes endroits fort agréables.
Une aire d'autoroute...
Oui ben moi elle me plait, cette photo...
Et ces tours aussi, elles me plaisent :
Le nouveau quartier :
Le nouveau centre commercial en forme de cloche :
16-18 août : Semeï
Semeï… la ville dans laquelle les Russes ont exilé Dostoïevski pendant 5 ans, celle qui a vu naître et veillir de nombreux grands écrivains kazakhs (dont Abaï, la star nationale), bref, une ville fière de son passé intellectuel. Mais la région a également un lourd passé nucléaire… Kourchatov, à 70 km de Semeï, a été un terrain d’essais nucléaires de l’ex-URSS (467 explosions entre 1949 et 1991). En 1989, un mouvement de révolte a amené les dirigeants à stopper le massacre, mais les effets se font encore sentir aujourd’hui (maladies, déformations, etc.).
Bref, une histoire passionnante. Malheureusement pour moi, pour visiter le musée des essais nucléaires à Kourchatov, il faut une invitation personnelle de son directeur. Quant au musée Dostoïevski, il est en partie fermé pour travaux. Bref, c’est légèrement frustrant. Mais la ville est assez plaisante.
Monument dédié aux victimes des essais nucléaires (une femme qui protege son enfant, et le nuage de l'explosion) :
Ma statue préférée :
Bref, une histoire passionnante. Malheureusement pour moi, pour visiter le musée des essais nucléaires à Kourchatov, il faut une invitation personnelle de son directeur. Quant au musée Dostoïevski, il est en partie fermé pour travaux. Bref, c’est légèrement frustrant. Mais la ville est assez plaisante.
Monument dédié aux victimes des essais nucléaires (une femme qui protege son enfant, et le nuage de l'explosion) :
Ma statue préférée :
15 août – 16 août : Oust-Kamenogorsk
Un bus tres matinal m’amène dans une petite ville au doux nom d’Ayagoz. Il est 9h, je m’offre une bonne cotelette-purée avant de repartir. Et un café, "siouplait"… Hélas, il n’y a pas de bus ni de train avant minuit pour aller plus au nord. J’opte donc pour l’auto-stop. Un taxi me lâche sur ce qu’on appelle là-bas la « grande route ». J’ai à peine le temps d’écrire le nom de ma destination sur un carton (avec une faute d’orthographe en plus, la honte) que déjà une voiture s’arrête. C’est ainsi que je rencontre Edel, 26 ans, policier, et son petit frère. Ils rentrent de vacances, passées en partie dans la famille à Almaty et au bord du lac Ala-köl (the place to be, décidément !!).
Je subis un interrogatoire pendant 4 heures en russe. Mais ils sont vraiment adorables.
Le soir, Edel (le chauffeur) m’emmène visiter un peu la ville et boire une bière. C’est la première fois qu’il rencontre une étrangère et il en est tellement fier qu’il me présente à tous ses collègues policiers… et dieu sait s’il y en a. C’est ainsi que le lendemain, en me balladant dans la ville, je me fais arrêter toutes les 10 minutes par des flics : « hé salut, euh… comment tu t’appelles déjà ? », « ah salut… euh… et toi c’est comment ? ».
Mais la ville m’inspire peu. Je la parcours dans tous les sens, mais je ne lui trouve ni intérêt ni charme… Surtout, je voulais me rendre dans une région reculée à partir de cet endroit, mais impossible d’avoir un début de commencement d’information. Rien. J’abdique et je file vers Semeï.
Cette petite video tournee dans la voiture me donne l'occasion de vous faire entendre la daube musicale francaise qui fait fureur en ce moment en Asie centrale... :
Les immeubles sovietiques d'Oust-Kamenogorsk :
Edel :
Je subis un interrogatoire pendant 4 heures en russe. Mais ils sont vraiment adorables.
Le soir, Edel (le chauffeur) m’emmène visiter un peu la ville et boire une bière. C’est la première fois qu’il rencontre une étrangère et il en est tellement fier qu’il me présente à tous ses collègues policiers… et dieu sait s’il y en a. C’est ainsi que le lendemain, en me balladant dans la ville, je me fais arrêter toutes les 10 minutes par des flics : « hé salut, euh… comment tu t’appelles déjà ? », « ah salut… euh… et toi c’est comment ? ».
Mais la ville m’inspire peu. Je la parcours dans tous les sens, mais je ne lui trouve ni intérêt ni charme… Surtout, je voulais me rendre dans une région reculée à partir de cet endroit, mais impossible d’avoir un début de commencement d’information. Rien. J’abdique et je file vers Semeï.
Cette petite video tournee dans la voiture me donne l'occasion de vous faire entendre la daube musicale francaise qui fait fureur en ce moment en Asie centrale... :
Les immeubles sovietiques d'Oust-Kamenogorsk :
Edel :
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